Derrière le recul de l’âge légal à 64 ans se cache un effet collatéral inquiétant. Passée sous silence, une nouvelle règle entrée en vigueur le 1er avril 2025 pourrait laisser des milliers de seniors dans une impasse.
Une ligne discrète… aux conséquences majeures
Tandis que l’opinion publique s’est focalisée sur la fin du départ à la retraite à 62 ans, une autre mesure, bien moins commentée, est entrée en vigueur le 1er avril 2025. Elle ne concerne ni les trimestres, ni les carrières longues. Non. Elle touche un sujet tout aussi explosif : le droit au chômage des seniors en fin de parcours professionnel.
Et cette fois, le couperet ne tombe pas à la retraite, mais avant.
Fini le seuil fixe à 62 ans
Jusqu’à récemment, atteindre 62 ans sans emploi permettait de rester indemnisé jusqu’à la retraite à taux plein. C’était une sorte de passerelle invisible entre chômage et pension. Mais depuis avril, cette passerelle s’éloigne. Elle glisse mois après mois, au même rythme que l’âge légal de départ, désormais fixé à 64 ans.
Résultat : un demandeur d’emploi né en 1963, par exemple, ne pourra plus activer ce maintien à 62 ans, mais à 62 ans et 9 mois. Et pour les générations suivantes, ce délai continuera de s’allonger.
Un bouleversement silencieux qui n’a été annoncé qu’en marge de la réforme… et qui pourrait bien laisser certains sans filet.
Qui va tomber dans ce piège ?
La nouvelle règle ne concerne que ceux dont le contrat s’est terminé après le 1er avril 2025. Si vous êtes dans ce cas, vous devrez attendre plus longtemps pour bénéficier du maintien des allocations chômage jusqu’à votre retraite.
En revanche, ceux dont la rupture de contrat est intervenue avant cette date échappent à la nouvelle disposition. Pour eux, l’ancien cadre reste valable : maintien des droits dès 62 ans.
Autrement dit : deux poids, deux mesures, en fonction d’un simple calendrier administratif.
Des critères toujours aussi serrés
Même en respectant cette nouvelle temporalité, tout le monde n’est pas éligible. Le maintien de l’indemnisation jusqu’à la retraite exige de remplir plusieurs conditions :
- Avoir cotisé au chômage pendant 12 ans,
- Avoir été indemnisé au moins un an,
- Avoir validé 100 trimestres minimum, sans atteindre encore le taux plein.
Et si ce taux plein n’est jamais atteint ? L’allocation ne dure pas indéfiniment. Elle s’arrête automatiquement à 67 ans, âge auquel la retraite à taux plein s’applique d’office, même sans carrière complète.
Une réforme à double vitesse
Cette évolution, pourtant cruciale pour les seniors sans emploi, a été largement éclipsée par le débat sur les 64 ans. Pourtant, pour les personnes concernées, il ne s’agit pas d’un simple décalage, mais d’un allongement réel de la période sans revenu garanti.
Et alors que l’accès à l’emploi devient plus difficile passé 60 ans, la précarité s’installe plus tôt que prévu pour ceux qui pensaient pouvoir compter sur une transition en douceur jusqu’à la retraite.