Vous pensiez percevoir l’intégralité de votre retraite ? Détrompez-vous. Une vaste enquête menée par l’Assurance retraite révèle que près d’un million de personnes âgées de 70 à 90 ans n’ont jamais touché tout ce à quoi elles ont droit. Un phénomène discret mais massif, qui coûte jusqu’à 180 euros par mois à certains retraités.
Un droit ignoré, une pension perdue
La retraite ne vous est pas versée automatiquement. En France, il appartient à chaque assuré de réclamer activement ses droits. Une règle simple, mais qui échappe encore à de nombreuses personnes âgées. Résultat : 940 000 assurés sont aujourd’hui en situation de non-recours, dont 600 000 n’ont jamais perçu un centime du régime général.
Ce chiffre colossal soulève une question troublante : comment peut-on oublier sa propre pension ?
Un courrier inattendu pour réveiller les consciences
Depuis 2023, Union Retraite a envoyé plus de 160 000 courriers à des assurés nés entre 1949 et 1954. L’objectif ? Leur rappeler qu’ils ont des droits non réclamés. Cette campagne a porté ses fruits : 30 % des destinataires ont enclenché les démarches pour récupérer leur pension.
Qui sont les oubliés du système ?
Une grande partie des bénéficiaires potentiels vivent… sans le savoir. Deux profils principaux émergent des études.
Les étrangers oubliés du système français
Dans plus de trois quarts des cas, les personnes concernées sont nées à l’étranger. Elles ont validé quelques trimestres en France, souvent au cours d’un court séjour professionnel, avant de repartir dans leur pays d’origine. Résultat : leurs droits sont restés en sommeil, jamais liquidés.
Des carrières éclatées, des droits éparpillés
D’autres assurés, bien français cette fois, ont cotisé à plusieurs régimes de retraite au fil de leur vie : privé, public, libéral… Mais en fin de parcours, ils oublient parfois un régime, notamment pour de courtes périodes d’activité professionnelle passées inaperçues.
La DREES précise : « L’âge moyen lors de la dernière validation de droits dans un régime non liquidé est de 36 ans, contre 56 ans pour les régimes liquidés. »
Un manque à gagner bien réel
Ce non-recours a un prix. Pour les oubliés partiels, la perte est d’environ 40 euros par mois. Pour les autres, cela grimpe à 180 euros bruts mensuels. Un montant loin d’être négligeable pour des retraités modestes.
Et ce n’est pas un cas isolé. Les chiffres de la DREES sur la génération 1942 confirment qu’un tiers des assurés ne perçoit pas l’intégralité de leurs droits. L’Assurance retraite évalue le montant moyen de ces pensions non réclamées à 150 euros.
Une prise de conscience progressive
Le droit à l’information sur la retraite, inscrit dans la loi depuis 2003, garantit à chacun un relevé de carrière clair et accessible. Mais encore faut-il savoir qu’il existe. C’est précisément le rôle d’Union Retraite, créée en 2014, qui multiplie aujourd’hui les actions de sensibilisation.
Des organismes comme la Cipav ont eux aussi pris le relais. En mai 2025, elle a lancé une campagne ciblée pour inciter ses affiliés à liquider leurs droits, souvent oubliés après un changement de statut professionnel.