Le crédit d’impôt pour l’emploi à domicile, pilier du soutien aux ménages et à l’emploi local, pourrait bientôt être revu à la baisse. Si aucune mention n’apparaît dans le projet de loi de finances 2026, les discussions en interne et les signaux envoyés par le gouvernement laissent entrevoir un possible durcissement du dispositif.
Un dispositif jugé trop coûteux
Ce crédit d’impôt, qui permet aujourd’hui de récupérer 50 % des dépenses engagées pour des services tels que le ménage, la garde d’enfants ou l’aide aux personnes âgées (dans la limite de 12 000 euros par an), pèse lourd sur les finances publiques. Selon le député Charles de Courson, son coût oscille entre 5 et 6 milliards d’euros chaque année.
Pour plusieurs parlementaires, cette niche fiscale profiterait davantage aux foyers aisés qu’aux ménages modestes. D’où l’idée d’un « coup de rabot » partiel, ciblé sur certaines prestations jugées moins prioritaires.
Un oubli « stratégique » dans le budget 2026
Officiellement, aucune mesure concernant ce
crédit d’impôt ne figure dans la version actuelle du PLF
2026. Pourtant, selon une source proche du ministère des
Finances citée par Le Parisien, il s’agirait d’un
« oubli stratégique » destiné à laisser de
la marge de négociation au Parlement.
« Nous n’avons pas pu tout écrire dans le PLF », confie un
membre de l’entourage du ministre, précisant qu’il fallait «
laisser des mesures aux socialistes ». Une manière habile,
selon certains observateurs, de ménager les alliés de la majorité
tout en préparant discrètement une réforme impopulaire.
Vers une modulation du taux ou des plafonds
Plutôt qu’une suppression brutale, l’exécutif envisagerait
une réduction du taux ou une adaptation
des plafonds en fonction du revenu des foyers ou du type
de service.
Les activités jugées essentielles – garde
d’enfants, aide aux personnes âgées ou handicapées – resteraient
protégées. En revanche, les prestations de confort
comme le jardinage ou le bricolage pourraient voir leur avantage
fiscal diminuer.
L’ancienne ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, avait déjà tracé cette ligne rouge : ne pas toucher aux aides bénéficiant directement aux familles et publics fragiles.
Les professionnels craignent une flambée du travail au noir
Du côté des particuliers employeurs, la Fédération des
particuliers employeurs de France (Fepem) tire la sonnette
d’alarme. Sa coprésidente, Julie L’Hotel-Delhoume,
avertit : « Une baisse du taux serait une ligne rouge à ne pas
franchir, au risque que les salariés soient employés au noir
».
Elle déplore également des critiques « très parisiennes »,
rappelant que les activités de jardinage ou de bricolage
pèsent peu dans l’emploi à domicile, mais restent
vitales dans les zones rurales.
Un enjeu majeur pour l’emploi local
Les services à la personne représentent
aujourd’hui plus de 3 millions d’emplois directs et
indirects en France. Une réduction du crédit d’impôt
risquerait donc de fragiliser tout un secteur déjà sous
tension.
Entre maîtrise des dépenses publiques et
soutien à l’emploi local, le gouvernement devra
trancher. Le débat s’annonce vif au Parlement, où plusieurs
amendements seraient déjà à l’étude.
Le crédit d’impôt pour l’emploi à domicile pourrait ainsi devenir l’un des sujets les plus explosifs du débat budgétaire 2026, révélant une fois de plus la difficile équation entre rigueur budgétaire et pouvoir d’achat.

