Dès cet automne, une nouvelle règle européenne va transformer la manière dont vous envoyez de l’argent. Les banques devront désormais permettre à leurs clients de gérer eux-mêmes le plafond de leurs virements, à tout moment, directement depuis leur application ou leur espace en ligne. Une évolution qui pourrait bien rendre le virement instantané aussi courant que la carte bancaire.
Le virement instantané, une promesse encore inachevée
Introduit en 2017, le virement SEPA instantané
devait moderniser les paiements européens : argent transféré en
moins de dix secondes, service disponible toute l’année, sans
interruption. En théorie, un outil simple et souverain pour
concurrencer Visa ou Mastercard.
Mais dans les faits, son adoption est restée limitée :
seulement 16 % des virements dans l’Union fin
2023, et à peine 10 % en France fin 2024.
Pour stimuler son utilisation, Bruxelles a décidé de frapper fort. Depuis février 2025, les banques n’ont plus le droit de facturer plus cher un virement instantané qu’un virement classique. Dans la majorité des cas, il est donc devenu gratuit lorsqu’il est effectué par le client lui-même depuis son application.
Sécurité et souplesse : les deux piliers de la réforme
La prochaine étape entrera en vigueur le 9 octobre 2025. L’objectif : rassurer les utilisateurs tout en rendant ce moyen de paiement plus pratique.
Première mesure : la mise en place obligatoire d’un service de vérification du bénéficiaire. Concrètement, avant tout envoi, la banque devra confirmer que le nom du destinataire correspond bien à l’IBAN indiqué. Une protection précieuse contre les fraudes par substitution d’IBAN, à l’origine de 183 millions d’euros volés en 2024 rien qu’en France.
Deuxième mesure : offrir aux clients la possibilité de définir eux-mêmes le plafond de leurs virements — et surtout de le modifier en temps réel.
Des plafonds enfin flexibles pour les usagers
Jusqu’à présent, chaque banque fixait ses propres limites de transfert, souvent sans que les clients en soient clairement informés. Ces plafonds, définis pour des raisons de sécurité, variaient selon les profils ou les canaux utilisés.
Désormais, cette logique descendante disparaît. Les usagers pourront adapter leurs plafonds à la hausse ou à la baisse, que ce soit pour une dépense exceptionnelle ou un transfert d’urgence.
Autrement dit, cette réforme redonne du pouvoir aux particuliers, en leur offrant la même liberté de paramétrage que pour leurs cartes bancaires.
Les premières banques à franchir le pas
Plusieurs établissements préparent déjà cette évolution.
- N26, la néobanque allemande, annonce la fin de la limite quotidienne fixe et la mise en place d’une “limite auto-définie” ajustable à tout moment.
- Crédit Agricole travaille sur un système similaire, intégrable depuis son application mobile.
- BoursoBank proposera bientôt une option permettant de modifier le plafond de virement manuellement, avec une notification immédiate en cas de blocage.
- Enfin, BNP Paribas et Hello bank ! devraient déployer cette fonctionnalité courant 2026.
Les autres établissements, encore silencieux, devront rapidement s’aligner pour se conformer au nouveau règlement européen.
Une avancée décisive pour les consommateurs européens
Au-delà de l’aspect technique, cette réforme s’inscrit dans une ambition plus large : reprendre la main sur les paiements face aux géants étrangers du secteur. En rendant le virement instantané plus sûr, plus rapide et plus flexible, l’Europe espère en faire un outil de paiement universel.
Pour les particuliers, le changement sera concret : fini
les plafonds figés et les démarches longues pour les
modifier.
Demain, un simple clic suffira pour ajuster vos limites et envoyer
de l’argent immédiatement — même un dimanche soir.
Une petite révolution, discrète mais profonde, qui pourrait bien redéfinir nos réflexes bancaires.

