La moitié des Français gagnent moins que cette somme, et vous ?

Les nouveaux chiffres publiés par l’Insee pour 2024 offrent une photographie saisissante du paysage salarial français. Derrière une apparente amélioration du pouvoir d’achat se cachent des écarts de rémunération considérables, qui varient fortement selon les métiers, les secteurs et le sexe.

Un salaire médian qui stagne malgré le reflux de l’inflation

En 2024, la moitié des salariés du secteur privé perçoivent 2.190 euros nets ou moins par mois. C’est ce qu’on appelle le salaire médian : il sépare la population active en deux groupes égaux. À première vue, les salaires semblent se redresser, mais cette progression masque une réalité plus nuancée.

Le salaire net moyen s’élève à 2.733 euros mensuels, un chiffre gonflé par les plus hauts revenus. Dans le détail, un salarié sur dix touche moins de 1.492 euros nets, tandis que les 10 % les mieux rémunérés gagnent plus de 4.334 euros. À l’extrémité de l’échelle, 1 % des travailleurs dépassent les 10.000 euros nets par mois, accentuant le fossé entre classes sociales.

Des écarts criants selon les secteurs d’activité

Tous les domaines ne sont pas logés à la même enseigne. Les salariés de l’industrie bénéficient des rémunérations les plus confortables, avec un revenu moyen de 3.021 euros nets. À l’opposé, les métiers de l’hôtellerie-restauration se contentent d’un revenu moyen de 1.979 euros, le plus faible de tous les secteurs.

Les professions du tertiaire affichent un salaire moyen de 2.705 euros, mais c’est dans les services financiers et l’information-communication que les revenus grimpent le plus haut, dépassant 4.000 euros nets par mois. Quant à l’agriculture, elle reste parmi les plus fragiles, avec des postes souvent non-cadres et mal rémunérés.

Un pouvoir d’achat qui se redresse timidement

Après deux années plombées par l’inflation, les salariés constatent enfin un léger mieux. La hausse des salaires nominaux combinée à un ralentissement de la hausse des prix a permis un gain de pouvoir d’achat réel de 0,8 %. L’année précédente, il avait reculé d’un point.

Ce souffle positif reste toutefois insuffisant pour beaucoup de ménages. Entre la hausse continue des loyers, des prix alimentaires et des charges énergétiques, le ressenti d’appauvrissement demeure. Pour de nombreux Français, le salaire ne suffit plus à vivre décemment.

Le fossé salarial entre hommes et femmes persiste

Sur le front de l’égalité, les progrès sont encore timides. En 2024, les femmes du secteur privé gagnent en moyenne 13 % de moins que les hommes. L’écart s’est à peine réduit, avec seulement 0,3 point de mieux que l’an dernier.

L’Insee rappelle que ces différences s’expliquent par la répartition inégale dans les métiers : les femmes sont davantage présentes dans les secteurs à bas salaires et rencontrent des freins dans l’accès aux postes à responsabilités. Les syndicats appellent à de nouvelles politiques salariales pour combler durablement cette fracture.

Une France qui se relève, mais inégalement

Si les indicateurs économiques affichent une embellie, la société française, elle, reste profondément marquée par les disparités. Les classes moyennes s’essoufflent, les plus modestes peinent à suivre, et seuls les hauts revenus semblent tirer profit du redressement.

En 2024, les chiffres de l’Insee ne se contentent pas de mesurer le salaire des Français : ils reflètent un sentiment collectif d’injustice face à un travail qui rapporte moins qu’il ne coûte.