Et si, demain, retirer quelques billets au distributeur n’était plus un acte anodin ? C’est l’inquiétude qui s’est propagée à la vitesse de l’éclair sur les réseaux sociaux, relayée notamment par une figure bien connue du rap français : Akhenaton. Mais que cache vraiment cette rumeur sur une prétendue obligation de justifier tout retrait d’espèces ?
Un tweet qui met le feu aux poudres
Tout commence par une affirmation choc publiée par le membre du groupe IAM : « Fournir un justificatif pour retirer notre propre argent en liquide au distributeur » deviendrait obligatoire à partir de l’été. De quoi créer un véritable emballement en ligne, où cette annonce a été reprise, commentée, et parfois crue sans détour.
L’origine ? Une vidéo circulant sur TikTok, évoquant l’entrée prochaine de l’euro numérique et affirmant que des banques françaises envisagent déjà des restrictions sur les retraits d’espèces.
Une intox démentie par les acteurs bancaires
Rapidement, les professionnels du secteur sont montés au créneau pour calmer les esprits. Sur le site de la Fédération bancaire française, on peut y lire ce message : “Faudra-t-il fournir un justificatif d’identité à partir de l’été 2025 pour retirer de l’argent à un distributeur automatique de billets ? NON, absolument pas. Il n’y a pas de nouvelle politique de retrait à un distributeur automatique de billets qui prévoirait la fourniture d’une pièce d’identité pour retirer de l’argent.”
Autrement dit, aucune nouvelle règle ne viendra entraver les retraits classiques aux DAB (distributeurs automatiques de billets).
Distributeur ou guichet : deux réalités très différentes
Si le retrait au distributeur reste libre, la situation est moins souple au guichet. Là, la banque peut, si elle le juge nécessaire, demander au client d’expliquer pourquoi il souhaite retirer une somme, même modeste. Ce droit, les établissements l’ont depuis longtemps, en vertu de leurs obligations de vigilance.
Par exemple, le Crédit Agricole recommande d’anticiper un retrait important au guichet et informe que l’agent bancaire peut exiger un justificatif selon le montant demandé.
Pourquoi ces contrôles existent-ils ?
Les banques doivent s’assurer que les opérations ne servent ni au blanchiment d’argent, ni au financement du terrorisme, et ne violent aucune interdiction internationale. Elles sont donc en droit d’exiger :
- l’origine et l’utilisation des fonds ;
- l’identité de tous les acteurs liés à l’opération (émetteur, bénéficiaire, bénéficiaire réel) ;
- des documents justificatifs, comme un acte de vente, un contrat de donation ou encore un procès-verbal de société.
Ces vérifications ne sont pas nouvelles et s’inscrivent dans un cadre réglementaire européen strict.
Retirer de l’argent au DAB : toujours possible, sans justification
En résumé, rien ne change pour les distributeurs automatiques. Les clients restent libres de retirer leur argent sans explication ni formalité, dans la limite des plafonds fixés par leur banque.
Ce que certains ont interprété comme une nouvelle mesure liberticide n’est, en réalité, qu’un amalgame entre les règles déjà existantes au guichet et une interprétation erronée de l’euro numérique. Prudence, donc, face aux annonces virales… même lorsqu’elles viennent de personnalités influentes.