L’arsenal de surveillance routière en France s’apprête à connaître un bouleversement sans précédent. En 2026, l’hexagone pourrait se retrouver quadrillé par des milliers de nouveaux radars, une vague inédite permise par la loi “3DS” adoptée en 2022. Mais cette fois-ci, l’initiative ne vient pas de l’État : les collectivités locales prennent les commandes, redessinant les règles du jeu.
Quand les collectivités prennent le contrôle
Jusqu’ici, l’installation de radars relevait exclusivement du pouvoir de l’État. Cette centralisation a pris fin avec l’adoption de la loi “3DS”. Désormais, les mairies, départements et autres collectivités peuvent déployer leurs propres radars, après un simple feu vert du préfet. Un changement majeur qui ouvre la voie à un déploiement massif et décentralisé.
L’Union des Groupements d’Achats Publics (UGAP) est le bras armé de cette révolution. Chargée de superviser les commandes et les installations, l’UGAP prévoit l’installation de 3000 radars supplémentaires, un chiffre qui pourrait atteindre les 5000 en cas d’engouement massif. Cette croissance fulgurante serait soutenue par un rythme inédit de 1000 radars par an, dix fois plus rapide que celui observé les années précédentes sous la gestion de l’État.
Des radars de nouvelle génération : double surveillance
La multiplication des radars ne se limite pas à une simple augmentation numérique. Ces dispositifs seront dotés de technologies plus avancées, permettant non seulement de contrôler la vitesse, mais aussi le franchissement de feu rouge. Ces radars nouvelle génération ne viendront pas remplacer les installations actuelles : ils s’ajouteront, densifiant ainsi le maillage de surveillance sur les routes françaises.
Le lancement des appels d’offres a été initié dès avril 2024, d’après le magazine L’Argus. Les premières commandes sont attendues pour le second semestre 2026, après une phase d’expérimentation visant à valider l’efficacité de ces équipements. Le déploiement est donc déjà bien engagé, laissant présager un renforcement sans précédent du contrôle routier.
Un investissement à haut risque pour les collectivités
L’installation massive de radars par les collectivités locales pourrait générer des recettes substantielles pour l’État. Cependant, la Cour des comptes reste sceptique quant à “l’acceptabilité sociale de ces équipements“. Le taux de recouvrement des amendes demeure “perfectible” et les actes de vandalisme se multiplient, illustrant une forme de rejet populaire.
Plus encore, les collectivités devront assumer le coût de cette surveillance renforcée. Contrairement aux radars d’État, elles ne bénéficieront pas des recettes des amendes. Ces dernières resteront centralisées au profit de l’État, tandis que les collectivités devront financer l’installation, l’entretien et le démontage des dispositifs via des contrats de service. En d’autres termes, elles paient pour contrôler, mais ne touchent rien en retour.
Avec ce déploiement massif, la France semble se diriger vers une ère de contrôle routier intensifié, mais à quel prix ? La question de l’acceptabilité sociale reste en suspens, alors que les collectivités s’apprêtent à financer cette surveillance accrue sans retour financier direct.