Vous avez un livret d’épargne qui dort depuis des années ? Ce silence pourrait coûter cher… car à terme, l’État peut légalement récupérer votre argent. Et ce n’est pas une fiction.
Chaque année, des millions d’euros changent de main, sans bruit. De comptes d’épargne oubliés, ils glissent dans les coffres de la République. L’argent ne disparaît pas. Il change simplement de propriétaire. Et ce changement, lorsqu’il survient, est souvent irréversible.
L’épargne qui s’évapore sans que personne ne le remarque
Cela commence souvent par un simple oubli. Un livret A jamais consulté, un PEL mis de côté après un déménagement, ou encore un compte ouvert à la naissance d’un enfant… et jamais utilisé.
Si ce compte ne connaît aucune opération pendant cinq ans, et si le titulaire ne se manifeste d’aucune manière, il bascule dans la catégorie des comptes dits inactifs. Ce statut, défini par la loi Eckert de 2014, enclenche un compte à rebours silencieux.
À qui profite le silence bancaire ?
La banque, après ces cinq années, est tenue de prévenir le titulaire, mais si celui-ci ne réagit pas, l’étape suivante est radicale : clôture du compte et transfert des fonds à la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). Le titulaire dispose alors de 10 années supplémentaires pour réclamer son dû. Passé ce délai, l’épargne est toujours récupérable, mais uniquement via le service en ligne Ciclade, mis en place pour retrouver ces comptes fantômes.
Mais ce sursis a une fin. Si 30 années s’écoulent sans aucune réclamation, l’État devient le propriétaire définitif de l’argent. Et il est alors impossible de faire marche arrière.
Décès et héritiers : une mécanique différente, mais tout aussi implacable
Lorsque le titulaire d’un livret décède, ses proches ne sont pas toujours informés de l’existence de ses comptes. Dans ce cas, la loi prévoit un dispositif légèrement différent.
La banque garde les fonds pendant trois ans, dans l’attente d’éventuelles démarches successorales. Sans action des héritiers, les sommes suivent ensuite le même parcours : transfert à la CDC pour 27 ans, puis passage à l’État au bout des 30 années réglementaires.
Comment éviter de tout perdre sans le savoir ?
Quelques gestes simples suffisent à rester du bon côté de la barrière :
- Effectuer un mouvement bancaire, même minime, tous les 2 à 3 ans ;
- Répondre aux sollicitations de la banque concernant vos comptes ;
- Informer vos héritiers de l’existence de vos livrets ;
- Et surtout, ne jamais considérer qu’un compte est “hors d’atteinte” simplement parce qu’il est ouvert depuis longtemps.
Un outil de récupération : Ciclade
Si vous pensez qu’un ancien compte (le vôtre ou celui d’un proche décédé) a pu être oublié, le site officiel Ciclade permet de vérifier si des sommes vous attendent encore. Il suffit de quelques minutes pour lancer une recherche, mais le temps, lui, ne joue pas en votre faveur.