A l’inverse de la pensée commune, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a enregistré une hausse de 2,1% du pouvoir d’achat des ménages en 2024.
Le pouvoir d’achat n’a pas diminué
Jean-Luc Tavernier, directeur de l’Insee le disait au micro de France Inter, le pouvoir d’achat des Français n’a pas baissé. Par contre, ajoutait-il, c’est le biais cognitif qui empêche les français de ne pas voir l’augmentation des salaires et des retraites : ils se concentrent sur les prix affichés dans les magasins.
En effet, en 2024, le pouvoir d’achat du revenu disponible brut a augmenté de 2,1% en moyenne. Ce taux n’était que de 0,9% l’an passé. Ainsi, le revenu disponible brut des ménages a augmenté de 4,2%, ce qui est supérieur à l’augmentation de 2% des prix à la consommation des ménages.
Qu’est-ce que le biais cognitif ?
Jean-Luc Tavernier faisait référence dans un article du 7 octobre sur le blog de l’Insee à cette fausse impression de perte de pouvoir d’achat des Français en parlant du biais cognitif. Un biais cognitif est un « mécanisme de la pensée qui entraine une déviation du jugement » (Ministère de l’Éducation Nationale) il peut être positif ou négatif. Le ministère explique : « des processus qui vont orienter la sélection et le traitement des informations reçues par le cerveau, qu’elles soient écrites, visuelles, émotionnelles, et de les traiter de manière personnelle et affective. Les biais sont pour la plupart inconscients et amènent les individus à faire des erreurs de perception, d’interprétation ou d’évaluation ».
Comment ce biais cognitif influence l’économie ?
Le directeur de l’Insee commente ce biais et son lien avec le pouvoir d’achat : « on est plus sensible aux hausses qu’aux baisses, on est plus sensible aux achats fréquents, à ceux dont les prix sont très visibles comme les totems des stations-services, on est plus sensible à la hausse des prix si l’on est soumis à des contraintes de liquidités ». Le cerveau retient plus les mauvaises nouvelles que les bonnes, les douleurs plus que les plaisirs. Ce biais cognitif peut entrainer un cercle vicieux : plus on se concentre sur l’augmentation des prix, plus on la voit, plus on sent que l’on a moins de pouvoir d’achat, plus on se prive, plus on voit l’augmentation des prix…
Jean -Luc Tavernier conclut que les ménages « qui ont pourtant bénéficié d’importants gains de pouvoir d’achat à la faveur de la désinflation, hésitent encore à consommer et continuent de gonfler leur épargne », ce qui freine l’économie française.