Les enjeux financiers pour la France sont plus élevés que jamais alors que l’agence S&P Global Ratings se prépare à livrer son verdict sur la notation financière du pays. Cette évaluation revêt une importance capitale, et les autorités françaises l’attendent avec appréhension, car elle pourrait être interprétée comme un jugement sans appel sur la politique économique menée par le gouvernement.
Anticipation d’une annonce
L’agence de notation S&P Global Ratings, après avoir revu les notes de plusieurs pays cet automne, s’apprête à révéler si elle maintiendra ou révisera à la baisse la note financière de la France, actuellement évaluée en AA. Une note comparable est attribuée par Moody’s (Aa2), tandis que Fitch se positionne un cran en dessous avec un AA-. Particulièrement inquiétant pour le ministère français de l’Économie et des Finances est le fait que, contrairement à Moody’s qui considère la perspective comme “stable”, S&P maintient une perspective négative.
Une éventuelle dégradation serait perçue comme une sanction et pourrait avoir des répercussions sur les coûts d’emprunt pour la France, à un moment où l’endettement public et les taux d’intérêt grimpent. Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, a clairement exprimé sur France Inter son espoir que les efforts de la France pour maîtriser ses dépenses publiques et réduire la dette convaincront les analystes de S&P.
La crédibilité de la France sur la balance
Bruno Le Maire souligne que des mesures sont prises pour contenir les dépenses et réduire les déficits, avec l’objectif de ramener les déficits en dessous de 3% du PIB d’ici 2027. Il mise sur un déficit public de 4,9% du PIB pour l’année 2023 et maintient une prévision de croissance économique de 1% pour cette année et de 1,4% en 2024. Cependant, ces chiffres restent en décalage avec les prévisions plus modestes des économistes.
L’agence S&P avait auparavant exprimé des inquiétudes quant à la capacité de la France à réaliser ses objectifs budgétaires, surtout compte tenu des risques politiques liés à l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale. Toutefois, le gouvernement a réussi à faire passer ses textes budgétaires en ayant recours à l’article 49.3, ce qui pourrait rassurer, du moins temporairement.
UniCredit suggère que S&P pourrait conserver temporairement sa note actuelle pour évaluer l’impact des récentes révisions des dépenses annoncées par le gouvernement. De plus, les récentes réformes, notamment celles touchant au marché du travail et au système de retraites, pourraient jouer en faveur de la France auprès de l’agence.
Conséquences possibles d’une révision à la baisse
Malgré les efforts évoqués, le maintien de la note AA n’est pas garanti, et une dégradation future demeure possible, surtout si la réduction de l’endettement ne suit pas l’allure requise. La Commission européenne a déjà mis en garde la France sur le fait qu’elle pourrait ne pas respecter les critères budgétaires en 2024, ce qui déclencherait une procédure de déficit excessif.