Pendant que l’attention médiatique se focalise sur les grandes réformes et les milliards à économiser, une aide concrète, simple, utile… glisse doucement vers l’oubli.
Sans tapage, sans polémique, mais avec un avenir incertain. Ce dispositif pourtant universel pourrait bientôt disparaître, balayé au nom de l’austérité.
Un outil discret au service du quotidien
Réparer ses affaires, c’est un geste banal. Mais pour beaucoup, c’est aussi une nécessité financière. C’est pour accompagner cette démarche que l’État avait lancé, en 2022, une aide directe à la réparation. Concrètement : une réduction appliquée en caisse chez des professionnels agréés pour redonner vie à des objets du quotidien. Vêtements, électroménager, chaussures… tout ce que l’on jette trop vite.
Pas besoin de dossier, ni de plafond de revenus : chaque Français pouvait en bénéficier, dès lors qu’il choisissait de réparer plutôt que de remplacer. Résultat ? Près d’un demi-million de réparations facilitées, avec un gain moyen de 28 euros par acte. Un geste écologique, économique, et social.
Un mot de trop ?
Mais voilà : tout a changé en quelques mots, lâchés au détour d’une conférence de presse. Ce jour-là, alors qu’on lui demandait de commenter le plan d’économies massif prévu pour 2026, François Bayrou a lancé, presque en soupirant :
« Je ne veux faire de peine à personne, mais annoncer qu’on va donner une prime pour aller porter ses chaussures chez le cordonnier, il y a de nombreux citoyens qui pensent que ce n’était peut-être pas l’urgence absolue. »
Le message est clair : cette aide ne serait pas jugée prioritaire. Et quand les arbitrages budgétaires s’intensifient, ce sont justement ces petites dépenses publiques qui tombent les premières.
Un symbole plus qu’un chiffre
Le coût du dispositif ? Environ 20 millions d’euros en 2024. Une goutte d’eau face aux 40 milliards d’économies visés par l’exécutif. Et pourtant, cette aide est en ligne de mire. Pas parce qu’elle pèse sur les finances, mais parce qu’elle ne pèse pas assez politiquement. Elle ne fait pas de bruit, ne rassemble pas de lobbies, ne crée pas de crise.
Elle est donc facile à faire disparaître.
Dernier sursis avant suppression
La machine gouvernementale est lancée : d’ici le 14 juillet 2025, chaque ministère devra rendre ses arbitrages. Si rien ne change, le bonus réparation vivra ses derniers mois.
Ironie du sort, il disparaîtrait alors que jamais les appels à consommer durable, à réparer plutôt que jeter, n’ont été aussi forts.
Mais dans la bataille budgétaire, ce sont souvent les gestes utiles et invisibles qui tombent les premiers.